POLEMIQUE : TS vs SR
Depuis que je pratique le VTT (1994), j'entends parler des VTT tout suspendu. J'ai toujours entendu ou lu ici et là que les toumou étaient de meilleurs vtt que les semi rigide. En quelques années, j'ai eu la chance de rouler (simultanément) sur des SR et des TS, et donc d'avoir pu les comparer. Je précise que ma pratique est exclusivement XC ou rando sportive et que la notion de performances est primordiale (j'aime bien me balader de temps en temps quand même !). Mes sorties durent de 3 à 5h. De plus, le sol de ma région (Bordeaux) est argileux, présente peu de cailloux. Les cotes sont nombreuses et relativement courtes (quelques minutes). Tout ceci a fortement influencé mon jugement. Ce que vous lirez plus bas ne s'applique peut etre (surement !) pas pour des vélos moins spécifiques... |
Acte 1 : 1998 : le DBR v-link 3.1 contre le DBR wcf 4.0.
Mon premier TS (tout suspendu) fut le DBR V-link en 1997. Je débutais en fait vraiment le vtt à cette dâte là. J'avais déjà eu un autre vtt, le LOOK mi 70 mais mes connaissances étaient trés limitées. Je me fiais donc aux essais des differents mags que je commençais à collectionner...
C'est essentiellement cet essai qui m'a conditionné à aquérir le v-link.
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Voyez la note "rendement" : 4 sur 5 ! pas mal, non ?
Moi, lisant cet essai, je me dit forcement que ce type de vélo, ca doit vraiment etre le top ! j'achete illico le DBR. Pas de bol , mes debuts se faisaient à Langoiran , région sacrément pentue de l'entre deux mers .Les premiers temps, j'avais l'impression de rouler sur ce qui se faisait de mieux. Pourtant, mes copains qui roulaient sur SR semblaient moins péiner que moi dans les ascensions. A l'occasion, j'essai le SR d'un pôte. C'était bien plus facile... alors la conclusion de cet essai (et qui me fait toujours éclater de rire 10 ans aprés !), qui dit que "une fois posé sur ce type de vélo, il est difficile de revenir sur un VTT rigide...", je l'ai prise à l'envers. J'ai revendu le cadre du v-link et l'ai remplacé par un SR carbone-acier de la meme marque DBR.
Résultat spectaculaire, vraiment plus facile en montée le SR !
1° match : SR 1/TS 0 sans discussions possibles.
Acte 2 : Eté 2003. Le FRM be active contre le LAPIERRE titane.
Plusieurs années se sont écoulées depuis ma première tentative de passage sur toumou. En 6 ans, la technologie a evolué. Les fourches et amortisseurs sont maintenant hydro-pneumatiques, la cinématique des suspensions a progressé, les mags disent la même chose qu'à l'époque, c'est à dire que les TS, c'est ce qui se fait de mieux, que les SR c'est dépassé etc (toujours aussi rigolo à relire avec du recul !). Je me dis donc que le premier achat était prématuré, que maintenant ca doit être au point (plus de pompage, rigidite et rendement d'un rigide...). Bien que je roule sur un excellent Lapierre titane, je me décide pour un FRM be active. Alors, celui là, d'apres cet autre mag vtt (voir ci dessous), c'est TERRIBLE !!!!
Résultât : j'aurais mieux fait de m'abstenir ! De la nervosité, certes, mais du pompage à gogo (et pas de vérouillage), un manque de rigidite certain et pour finir, il était trop petit pour moi. Revendu presque aussitot (aprés quelques essais pour m'assurer de ne pas m'être trompé). Belle bécane pourtant.
2° match : SR 1/TS 0 . Y'a pas photo.
Acte 3 : Eté 2004. le Specialized epic pro contre le bianchi tycoon 5400 XL.
Soit un an aprés la mésaventure du FRM. Suite a une prise en charge sous garantie d'une casse du cadre de mon SR Specialized S-works M5, j'obtiens un cadre tout supendu Epic M4 pro ! L'EPIC, tous les mags le disent, c'est une bombe. Et je le reconnais, c'est vrai ! Vous savez comment fonctionne la suspension Brain ? Quand il n'y a pas de chocs, l'amortisseur est verouillé. Il se débloque quand la roue arriere rencontre un obstacle. Si on appuie à l'arrêt sur la selle, il ne se passe rien. Idem quand on roule sur la route, même en appuyant trés fort sur la selle, zéro pompage, je dis bien ZERO !
Et quand on roule en TT, la suspension se débloque. C'est magique ! Le plus fort, c'est qu'elle se rebloque quasiment de suite, sauf si la roue rencontre à nouveau un obstacle. Ce qui fait que la suspension pompe trés peu en TT grace a ce phénomène de verouillage automatique.
L'epic est donc tres performant. Le mien y compris car à 10.8 kg pédales comprises, c'était vraiment une arme. Par rapport à un excellent semi rigide tel que la Bianchi tycoon que je possédais alors, il ne lui rendait pas grand chose. Les seuls vrais defauts étaient le kg de difference entre les 2, qui se ressentait en cote (le bianchi, c'était quand meme quelquechose...) et finalement, son inconfort ! Mais si un tout suspendu n'est pas confortable, à quoi sert il ????
Et oui, l'epic ancienne version est un toumou tres rigide ! c'est paradoxal, mais cette absence de pompage sur les sections plates, ne me satisfaisait pas (mal au c..). En résumé, j'ai préféré le Bianchi à l'epic car ce SR était exceptionnel. C'est , je pense, le meilleur VTT que j'ai possédé. L'epic avait affaire à forte partie !
3° match : SR 1/TS 0 . Mais la difference n'était pas si grande que cela... C'est donc enfin vrai, la technologie a vraiment évolué ! (il parait que le brain fade est encore mieux)
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Acte 4 : Décembre 2004. le K2 Razorback contre le Sunn exact flex titane .
Je décide de me calmer un peu dans frénésie d'achats. Ma vision des tout suspendu a changé. A quoi bon chercher à égaler les performances d'un (tres) bon SR ? Peut etre vaudrait il mieux chercher de la polyvalence et un peu de confort ? A ce moment précis, je me dit que les SR ne doivent pas s'opposer au TS, ils sont complementaires.
J'ai quand meme envie d'un toumou car j'aime bien ça (!) depuis l'epic. Le K2 razorback est un vtt de compete moins exclusif que l'epic. Il m'apporte un peu de confort et roule plus que correctement quand on lui rentre dedans. Peu de pompage assis, pas du tout en danseuse. Il est moins facile en cotes que le SR (1 kg d'écart et un peu de pompage). Il est performant dans les grands bouts droits défoncés, ou je peux rester assis en pédalant sur la plaque. ll complete trés bien mon Sunn titane. Le résultat du match diffère des précedents. En effet, je ne juge plus les TS sur le seul aspect performances, j'y inclue aussi l'aspect plaisir. Et justement, a partir du K2, je me fais plaisir aux commandes d'un toumou. quand je veux rouler "fort", je roule sur le TI, quand je veux me "balader", je prends le K2. Le Sunn ne m'a pas laissé un souvenir impérisable.
4° match : SR 1/TS 1. Egalité !
Acte 5 : Avril 2007 : l'AIRBORNE lucky strike contre le JAMIS dakar pro.
Le JAMIS fait partie de cette nouvelle génération de suspensions anti-pompage (par l'amortisseur, et non pas par la cinématique de la suspension, comme peut l'etre un point de pivot virtuel). Le FOX RP3 fonctionne vraiment bien. Il ne supprime pas completement le pompage, mais le minimise fortement. Du moins assis. Car debout, ce vélo, comme le K2, ne pompe pas du tout (excellent ça !). Pas de pompage non plus sur le 44 (même assis).
Ca donne un VTT qui roule fort en XC pur sur le plat (surtout quand c'est défoncé) mais qui reste limité en côte par rapport a un avion de chasse tel que l'Airborne lucky strike. 1.5 kg de difference entre les 2, cela se ressent beaucoup (sans parler du pompage , bien qu'il soit minime). Son confort est par contre d'un trés bon niveau, ca fait partie du plaisir aussi. Comme avec le K2 et le SUNN, je prends l'airborne pour rouler vite et le Jamis pour me faire plaisir (bien que parfois je fasse le contraire !).
5° match : SR 1/TS 0 . Le Jamis ne supporte pas la comparaison avec l'Airborne (mon 2° meilleur velo aprés le Bianchi !) mais je l'apprécie pourtant.
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Une idée reçue consiste à dire qu'un TS descend plus vite qu'un SR. Je ne le pense pas. C'est surtout une question de géométrie. Un vélo stable sera bon descendeur, qu'il soit SR ou TS (une fois que l'avant est passé, généralement l'arrière suit...). La ou le TS est interessant, c'est en pédalage assis sur des portions défoncées (racines, traces de 4*4 ou tracteurs, trous causés par les troupeaux etc). Il permet vraiment de rouler plus vite en conservant de la vitesse (pas besoin de relancer apres chaque obstacle). En effet, sur de tels obstacles, un SR oblige à se lever (pourtant je roule titane...). Le point faible du TS se situe en côtes, il grimpe quand meme moins facilement, il faut bien le dire.
Et pour les raids me direz vous ? Je ne suis pas convaincu qu'un TS léger soit plus performant qu'un SR léger... J'ai experimente les 2 . L'epic, par exemple, permettait de rester assis , et de s'économiser, et l'airborne, lui, grimpe tellement facilement que c'est dans les cotes que l'on s'économise à son guidon...
En conclusion, pour comparer un semi rigide à un tout suspendu, deux manières sont possibles.
A prix égal, selon moi, un toumou sera toujours moins performant qu'un SR. Forcement, la suspension, cela a un prix. Ce qui implique que les constructeurs sont obligés de "rogner" sur les equipements pour contenir le prix final de leur toumou, ce qui augmente obligatoirement le poids du velo, déja handicapé par le poids du cadre. Il faut compter un kg d'ecart entre cadre un SR et un cadre TS de performances equivalentes.
A poids quasiment égal -donc a prix plus élevé pour le TS- (difficile de trouver sur le marché un TS de 10kg...), un TS est il autant performant, (sinon plus) qu'un SR ? Je n'ai pas la réponse. Il serait interessant de comparer un Orbea oiz à un alma par exemple, ou bien un Cannondale Taurine à un scalpel. J'espère pouvoir vous repondre un jour !
Le comparatif est osé : ces 2 vélos ne tirent pas dans la même catégorie. Le cube ams 100 est un randonneur sportif. Le Kraft est un pur vtt de compèt. Logiquement, le kraft est bien plus nerveux, a plus de rendement dans les cotes. Le cube est rapide quand ca tabasse. La suspension à pivot horst pompe peu assis (plus en danseuse -verouillage nécessaire pour bien envoyer les watts-). C'est un vélo facile, bien plus que le jamis, avec un bon rendement mais pas comparable avec le carbone. Ces 2 vélos sont complémentaires.
6eme match : Classement "je me promène": TS1/SR 0, classement "je me tire la bourre" : SR1/TS0
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Janvier 2012 : justement, il suffit d'en parler pour que cela arrive, j'ai maitenant un orbea oiz ! je roule aussi sur un semi rigide drossiger.
Face à face, cela donne à peu prés cela : l'orbea oiz éclate le drossiger dans presque tous les compartiments de jeu. Ce tout suspendu est nerveux, autant que le semi rigide en alu. Il est bien plus efficace dés que ça tabasse, voir même quand le terrain est lisse. La suspension arrière est trés efficace, elle prend les chocs sans que l'on sente que le vélo est freiné -rien à voir avec le K2 ou le JAMIS par exemple, mais plutot à rapprocher du Cube ou de l'epic sur ce point précis. D'ailleurs, rien d'anormal, l'orbea (comme le cube) utilisent le pivot horts, brevet SPECIALIZED- . Il est plus rapide quand il s'agit de mettre du gros braquet, ou il se comporte quasiment comme un semi rigide haut de gamme. Meme sans vérouiller l'amortisseur, sur le plat, il ne pompe presque pas. Bon allez, en cherchant la petite bête, si on vérouille, ca va encore un peu plus vite. Dans les cotes ou il faut mettre des watts, suspension bloquée, il monte presque aussi bien que le drossiger. Non bloquée, le drossiger est devant mais vraiment de peu, le pompage de l'orbea, étant trés faible, presque imperceptible. Evidemment, si la montée est défoncée, avec des pierres, l'orbea va profiter de sa motricité. Si la montée est lisse, le semi rigide sera légèrement devant. Dans les parties techniques, qui tournent beaucoup, le drossiger s'en sort mieux car la maniabilité n'est pas le point fort de l'orbea. En conclusion, l'orbea est un tout suspendu qui donne le meilleur de lui meme en roulant vite dans les chemins,qu'ils soient défoncés ou pas. Franchement, il enterre le semi rigide. Petite précision : ils pèsent tous les 2 le même poids, 10,5 ks.
Si je remonte un tout petit peu dans le temps, et que je compare l'oiz au kraft en carbone, l'écart se réduit. Le kraft etait, lui, royal en nervosité, mais aussi dans les cotes, en danseuse (je me rappelle de cette caractéristique surtout quand il pesait 9,5 kg. Un ralentissement dans une côte ? Je me mettais debout sur les pédales, un, deux, trois coups de manivelles et il bondissait en avant ! A la fin, à 10,2 kg, c'était dejà moins impressionnant)
6° match : SR 0/TS 1 . Le tout suspendu l'emporte largement sur le semi rigide (drossiger) et l'emporte de peu sur le Kraft au meilleur de sa forme...
Je peux aussi établir un nouveau classement, celui du plaisir. Depuis que j'ai l'orbea, je me fais bien plus plaisir avec celui ci qu'avec le kraft ou le drossiger. Pour la première fois, je préfère mon toumou à mon semi rigide. Non, je n'ai pas changééééééé....
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